Crédit photo : Sébastien Bossoutrot

Le : 29 septembre 2021, par Fabien Vidal

Sébastien Bossoutrot

Entrepreneur (intégrateur Odoo) – Organisateur des Coding Goûters

L'essentiel

« Imaginez qu’on leur propose de construire un système de facturation. Ce n’est pas sûr qu’on arrive à les embarquer » 

 

Sébastien Bossoutrot nous dit qu’il aime bien ne pas s’ennuyer. Effectivement, père de deux adolescents, il a son entreprise, donne des formations, copilote de l’équipe technique et logistique du TEDxTours… Et il organise aussi les coding goûters au sein de l’association PALO ALTOURS.

Dans les coding goûters, le jeu est évidemment un moyen très motivant pour apprendre aux enfants à programmer, soit en transformant la programmation en jeu, soit en proposant aux plus grands de créer leur jeu !

Mais Sébastien n’utilise pas uniquement le jeu avec les enfants. Avec ses étudiants, il utilise un jeu de cartes qui permet d’avoir une approche concrète. Et il est persuadé que les jeux seraient nécessaires en entreprise pour faire comprendre et faire passer du concept, comme la sécurité informatique. Il ne s’est pas encore vraiment penché dessus, mais ça pourrait venir…

En attendant, il a hâte qu’après le COVID, les coding goûters recommencent en présentiel.

Interview

Bonjour M. Bossoutrot, qui êtes-vous ?

Bonjour, je suis Sébastien Bossoutrot.

Je suis entrepreneur, et j’ai une SARL unipersonnelle qui propose des services et conseils auprès des entreprises (TPE, PME et ETI) sur la mise en place d’outils numériques ERP (gestion des stocks, gestion commerciale, facturation…). J’intègre Odoo, une solution belge et chaque projet est spécifique à chaque entreprise.

J’assure 3 principaux rôles :
Le conseil d’audit et l’accompagnement pour la mise en place de ces outils.
La conduite du changement, car il s’agit souvent de remplacer des outils fabriqués maison sur Excel et entre les différents services de l’entreprise.
Et tâche plus technique, j’assure du développement spécifique sur la plateforme.

C’est intéressant, car comme je touche à l’organisation centrale des entreprises, j’ai accès à beaucoup d’informations. Ça fait 10 ans que je fais ça ! Mais je n’ai pas du tout de formation dans l’informatique : je viens de l’industrie, l’imprimerie papier et carton. Et lorsque l’imprimerie a muté vers le numérique, j’ai switché aussi. Cela dit, j’ai eu mon premier ordi à 10 ans, sur lequel je codais en Basic.

Depuis 2016, je fais aussi partie de l’association PALO ALTOURS. J’étais un membre dormant, jusqu’en octobre 2017, lorsque Jean-Lou Lebars a sollicité la communauté pour le rejoindre sur l’organisation des Coding Goûters. Et j’y suis allé !

Je suis également dans l’équipe du TEDxTours, où je suis copilote de l’équipe technique (captation son/vidéo) et logistique, (Oui… j’aime bien ne pas m’ennuyer…). Les TEDx, ce sont des événements sous une licence américaine, où nous présentons des conférences à volonté inspirante sur des sujets technologiques ou sociologiques. C’est très formaté : nous faisons venir les intervenants sur scène pour qu’ils parlent pendant 15 minutes, sur des textes appris par cœur. Et leur objectif doit être de faire passer UNE idée. Comme dans la licence TEDx il y a aussi la volonté de transmettre chaque conférence à la communauté internationale, la captation est importante.

 

Êtes-vous joueur ? Et si oui, à quoi jouez-vous ?

Aujourd’hui, je ne joue pas. Non…

Dans le passé, ça n’a jamais été mon attirance première pour l’informatique. En 1989 j’avais un Amstrad CPC. Nous avions bien le jeu Tintin sur la Lune, et j’y ai passé un peu de temps. Mais moi, ce qui m’a surtout plu, c’était le bouquin de programmation de 150 pages ! Rencontrer des bugs, chercher, et petit à petit comprendre ce qu’il se passe.

Bon, j’ai bien passé toutes mes heures de 3e sur Zelda : Link’s Awakening sur Game Boy. Mais après je n’ai plus trop joué…

Par contre, mon fils joue beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Peut-être trop…

 

Utilisez-vous le jeu dans vos activités ?

Dans les Coding Goûters, c’est sûr, nous utilisons le jeu.

Mais je l’utilise aussi dans mon activité professionnelle : j’enseigne au CEFIM pour former des assistants digital sur les ERP (Enterprise Resource Planning)et CRM (Customer Relationship Management), et j’interviens sur un Master 2 « chef de projets ». Dans mes cours, j’utilise des cartes pédagogiques fournies par Odoo : ce sont des mises en situation où l’on monte une société et il faut mettre en place sa solution informatique. Au recto, les différentes cartes présentent soit des business cases (cas d’usages), soit des paramètres à prendre en compte. Par exemple « Il faut adapter l’outil pour importer des produits ». Et au verso, il y a des explications sur le logiciel. À partir de ces informations, les étudiants doivent se débrouiller eux-mêmes pour paramétrer l’outil et répondre au besoin.

C’est perçu comme un jeu par les étudiants, car c’est plus ludique qu’un texte sur Word. Ça décrit le projet de manière plus concrète (« je dois livrer ». « Je dois mettre des prix ») et c’est une approche qui fonctionne avec ceux qui ont du mal à se projeter. Ça facilite l’apprentissage du logiciel.

Par contre, avec mes clients je n’utilise pas trop le jeu, sauf peut-être dans les phases d’élicitation, lorsqu’il faut faire parler les équipes sur leurs pratiques… La mise en place de notre outil va changer leur manière de travailler, nous avons donc besoin de comprendre leurs pratiques et tracer un diagramme de process. À cette étape, nous utilisons plutôt des méthodes de Design Thinking. Mais je pense que le jeu pourrait les aider à s’exprimer dans ces phases.

Cela dit, je ne me suis pas encore penché là-dessus. Mais ça va venir…

 

Alors, pouvez-vous raconter comment vous utilisez le jeu dans les coding goûters ?

Dans les coding goûters, nous faisons plusieurs ateliers en fonction des enfants.

Les plus jeunes (à partir de 6 ans) jouent avec des Legos programmables WeDo. Il y a une fiche d’instruction, des moteurs, des capteurs pour fabriquer un robot.

Ces ateliers sont dans l’environnement Lego, donc les enfants ne sont pas perdus. Mais on leur fait découvrir les petites joies de la programmation ! S’arrêter avant de toucher un mur, changer de couleur… Et souvent, ça se termine par une course de robots.

Avec les moyens, nous utilisons des sites conçus comme des jeux de programmation, principalement Code Combat et code.org. Souvent l’objectif est de faire avancer un personnage de plateau en plateau en remplissant chaque fois une mission, par exemple en poussant des caisses avec son personnage comme dans Sokoban, un jeu où j’avais passé des heures étant petit !

Chaque plateau introduit un concept de programmation : au début, il faut faire un simple mouvement, puis il faut créer une boucle logique, et ainsi de suite… Parfois on déplace des blocs logiques, d’autres fois on écrit du code Python. Et comme ça, on apprend la logique informatique au fil d’une quête.

Une dernière activité, c’est avec les plus grands (à partir de 10 à 15 ans) : on s’enferme dans une salle du CEFIM et on apprend à coder un jeu en Scratch. J’ai repris un atelier, Panique à Code City, que j’ai adapté pour qu’il tienne en 1h30 – 2h. C’est un jeu type Duck Hunt, le jeu NES où il fallait tuer des canards avec un pistolet. On est dans un décor de saloon, et chaque fenêtre fait apparaître des bandits. Il faut les cliquer pour leur tirer dessus et gagner des points.

Dans l’atelier, ils sont hyper guidés. Je projette les étapes, ils réfléchissent sur la programmation, et s’entraident entre eux. Certains vont très vite et ont 4 slides d’avance, du coup, ils vont aider leurs camarades. Alors qu’on sent que d’autres sont largués, et que ça ne le fera pas… Mais on reste pédagogue. Et comme on a le jeu à la fin, ça fait plaisir à tous.

En tout cas, ils sont tellement captivés qu’ils en oublient le goûter ! Leurs parents sont surpris de les voir aussi concentrés pendant 2h…

Ces ateliers sont aussi intéressants parce qu’ils ont souvent une image moyenne de Scratch. Ils l’ont connu dans un contexte scolaire, en cours de mathématiques. Mais dès qu’on les emmène vers le jeu, ça les passionne !

Ah ! Et aux coding goûters, il y a le goûter à la fin ! C’est le plus important !

 

Comment en êtes-vous venus à utiliser le jeu dans vos activités ?

Pour les coding goûters, c’est assez évident… Si on n’amène pas quelque chose qu’ils connaissent, on a du mal à raccrocher les enfants. Imaginez qu’on leur propose de construire un système de facturation, ce n’est pas sûr qu’on arrive à les embarquer 😅. Là, on amène la programmation d’un jeu qui ressemble à ceux auxquels ils jouent sur le téléphone de leurs parents ! Et les enfants reviennent. Même avec le distanciel, ils étaient là à chaque fois…

Pour les formations aux étudiants, je me rappelle de ces cours avec des jeux de rôle en école d’ingénieur. Ces types de jeux existent depuis très longtemps, et ils permettent d’apporter une expérience professionnelle à des gens qui n’en ont pas. On a un peu plus l’impression de rentrer dans une logique pratique, et moins théorique.

D’ailleurs, je suis persuadé que les jeux seraient nécessaires en entreprise pour faire comprendre et faire passer le concept. Par exemple sur la sécurité informatique. Il y a des besoins de base, et on utilise des pseudo jeux en ligne… Mais on doit pouvoir mieux ludifier, pour mieux faire passer ces problématiques.

 

Pour finir, avez-vous des projets, de nouvelles envies liées au jeu ?

Aujourd’hui, je n’ai pas réellement de projet à travers le jeu, parce que je suis déjà très chargé et j’ai beaucoup de sollicitations…

Mais ce que j’attends, c’est de rouvrir les Coding Goûters ! Avec le COVID, la fermeture des activités en présentiel a changé la donne… En 18 mois, nous avons fait un seul Coding Goûters en présentiel, c’était au mois d’octobre 2020 aux journées du patrimoine à MAME.

Nous avons tout de même pu faire des ateliers en distanciel avec un groupe de 4 adolescents de 12 à 15 ans, dont des débutants. Nous avons réussi à faire un Space Invaders en Python, à la fin, le vaisseau pouvait se déplacer et tirer ! Mais à distance, c’est moins facile, car on ne voit pas les écrans de la personne en face de nous, ni les visages… Certains étaient largués sur Pythagore.

Quand on en croise dans la rue, quelques-uns nous demandent « C’est quand qu’on revient ? ». J’ai hâte de retrouver le présentiel…

 

Aller plus loin

En savoir plus sur Sébastien Bossoutrot

Sébastien Bossoutrot – LinkedIn

 

Ceux qui ont été cités

Odoo – WikipediaSite

Microsoft Excel – Wikipedia

Basic – Wikipedia

Association PALO ALTOURS – Site

TEDxTours – Wikipedia (Programme TEDx) – Site

Amstrad CPC – Wikipedia

Nintendo Game Boy – Wikipedia

CEFIM – Site

Microsoft Word – Wikipedia

Lego – WikipediaSite

Nintendo Entertainment System (NES) – Wikipedia

MAME – Wikipedia Site

Python – WikipediaSite

Pythagore (Théorème) – Wikipedia

 

Les jeux qui ont été cités

Tintin sur la Lune – WikipediaLet’s Play (Youtube)

The Legend of Zelda: Link’s Awakening – Wikipedia

Lego Education WeDo 2.0 – WikipediaSite

Code Combat – Site

Code.org – Site

Sokoban – Wikipedia

Scratch – WikipediaSite

Panique à Code City – Editeur (Nathan)

Duck Hunt – Wikipedia

Space Invaders – Wikipedia

Découvrez également

Des cas d'usages