
Le : 29 septembre 2021, par Anna Cotard
Jean-Lou Le Bars
Référent de formation et formateur en gestion de projet informatique et en data analyst au CEFIM et coordinateur des codings goûters
L'essentiel
« L’éducation non “traditionnelle” me tient à cœur. Je suis un grand fan de toutes les avancées dans ce domaine. »
Jean Lou Le Bars est un formateur en gestion de projets au CEFIM, l’école du web et des réseaux. Il utilise le jeu à la fois en tant qu’outil d’animation pédagogique pour le recrutement des élèves, mais aussi pour la formation et le cursus qu’il anime. Par ailleurs, avec Sebastien Bossoutrot, il organise les coding goûters au sein de l’association, PALO ALTOURS. Ces événements permettent d’une part de démystifier l’outil informatique auprès des enfants et également de créer du lien entre les parents et leurs enfants notamment sur des sujets quelquefois conflictuels autour du numérique (les jeux en ligne, le temps passé devant un écran, …).
Interview
Bonjour Jean-Lou, qui êtes vous ?
A mes heures perdues, je suis un breton zythophile 🙂 !
Professionnellement, je travaille au sein du CEFIM où je m’occupe d’une formation autour de l’analyse de datas et de la gestion de projets informatiques. Je suis également le président de PALO ALTOURS, association que j’ai découverte lors du premier startup week-end qui avait été organisé à Tours en 2014.
Est ce que vous jouez ?
Je ne suis pas un grand joueur, mais plutôt un collectionneur de jeux de société : j’aime bien connaître leur gameplay et découvrir de nouveaux styles de jeux. Je passe mon temps à lire les règles, puis, je laisse le jeu de côté…
J’aime particulièrement les jeux collectifs et collaboratifs où l’on joue contre le plateau, comme l’île interdite. J’adore les jeux de stratégie et de rapidité comme Bazar Bizarre, ou encore 7 wonders. Mais plus que le simple jeu, ce qui m’intéresse, c’est davantage de passer un bon moment avec mes enfants !
Utilisez-vous le jeu dans votre activité professionnelle ?
Au CEFIM, les étudiants sont recrutés en partie via des plateformes basées sur des challenges gamifiés. Par exemple, il y en a une, France IOI, dont le but est d’aider un spationaute victime d’un crash sur une planète habitée par des extraterrestres. Sa seule aide est un robot qu’il doit ‘programmer’ pour répondre aux challenges.
L’objectif de ces exercices est de voir si les élèves ont la patience, la logique pour potentiellement être assis derrière un écran toute la journée et passer leur temps à résoudre des problèmes. En somme, s’ils sont prêts à être développeurs !
Ensuite, le premier jour d’admission au CEFIM, je mets en place un challenge, un exercice de type Ice Break entre les étudiants. Chacun donne un mot à l’oral, puis par groupe, les élèves doivent construire un texte en 5 minutes avec ces mots pour former un discours de communication expliquant une nouvelle application. Le temps restreint qu’ils ont à leur disposition les oblige à travailler ensemble et à développer une cohésion de groupe. Cela permet à la fois aux personnes les plus timides de s’ouvrir et dialoguer avec d’autres personnes ; de tester la patience de chacun face aux difficultés et de capter la psychologie des élèves.
Finalement, j’utilise le jeu en tant qu’outil d’animation pour une formation. Bien entendu, ils auront par la suite des cours théoriques, mais j’essaie de tester de nouvelles approches d’enseignement afin d’initier nos étudiants à des moyens qui ne sont pas rébarbatifs.
Utilisez-vous le jeu exclusivement dans un but pédagogique ?
C’est vrai que j’utilise beaucoup le jeu pour son aspect pédagogique avec le CEFIM, mais pas que !
Les codings goûters que j’organise avec Sebastien Bossoutrot depuis 2013-2014 en sont le parfait exemple. Ces événements reposent sur l’utilisation, par des enfants, de plateformes qui apprennent à coder tout en gardant le moment du goûter destiné à se rafraîchir l’esprit. Ainsi, aux codings, chacun utilise le jeu pour se divertir, répondre à des challenges, et par conséquent, développer des compétences et apprendre.
Mais si les codings goûters sont d’abord tournés vers les jeunes, il est nécessaire de s’occuper également des parents. La vision de l’enfant sur son usage informatique est intéressante pour rassurer les parents, montrer que leur enfant n’est pas tout seul, permettre aux adultes d’identifier clairement ce que fait leur enfant, montrer la créativité du jeu vidéo et surtout, démystifier l’outil informatique ! A cet égard, avec Sébastien, nous avons mis en place des ateliers à l’attention des parents sous formes de conférences menées par des jeunes, qui exposent leur vision du jeu et leurs projets avec des exemples précis de Youtubers, ou des experts d’un domaine lié au numérique ou à l’apprentissage. Un enfant avait par exemple reproduit son école en 3D sur minecraft, en la transformant en une école plus écologique. J’ai trouvé ça extraordinaire ! Et je pense sincèrement que ce moment est un premier pas vers l’objectif final, qui n’est autre que faire en sorte que le jeu soit pris au sérieux et intégré dans la boîte à outils usuel du professeur.
De plus, les coding goûters permettent de créer du lien entre l’enfant et les parents pendant un moment de vie, l’adolescence par exemple, peu propice à cette interaction. En effet, si lors de l’atelier, l’enfant se retrouve bloqué, aussi bien ses camarades, que les intervenants, ou même ses parents, peuvent l’aider. C’est un véritable moment précieux de partage. Voir le dialogue qui s’instaure au niveau des familles, comme si la barrière de l’âge disparaissait, jusqu’à ce que ça en devienne presque un échange d’adultes à adultes, est un signe de réussite.
Qu’est ce qui vous a amené à utiliser le jeu comme médium ?
Je pense que l’état d’esprit des développeurs y est pour beaucoup ! Et pourtant, le domaine de la programmation apparaît comme austère. C’est vraiment dommage.
Pour l’apprentissage, jouer n’est pas mal ! Bien au contraire ! En jouant, on ne voit pas le temps passer, mais par contre, on voit notre progression. Quand il y a un challenge, je pars toujours du principe que l’objectif est atteignable. Le jeu permet souvent d’apprendre via des éléments visuels et / ou imaginatifs. Et bien souvent, on commet rarement la même erreur afin d’éviter d’avoir un game over !
Donc évidemment, le côté éducatif du jeu m’a poussé à en faire l’un de mes médias préférés. Avec des enfants, si on fait un cours sous forme de conférences, ça devient lassant tant pour l’élève que le professeur. Intégrer des composants ludiques est essentiel parce que sinon, l’interaction ne fonctionne pas !
Est-ce que vous avez vu d’autres actions similaires, avec du jeu ou non, qui vous ont particulièrement touchées ?
J’ai toujours été émerveillé par la capacité qu’ont les enfants à résoudre les problèmes d’une manière totalement différente d’un adulte. Ils ne se posent pas la question de savoir si c’est réalisable ou pas. Ils ont une créativité et une inventivité surprenante. C’est flagrant dans les codings goûters, et je trouve ça impressionnant !
L’éducation non “traditionnelle” me tient à cœur. Je suis un grand fan de toutes les avancées dans ce domaine. Les nouvelles approches, les nouvelles matières d’enseigner qui permettent de montrer aux enfants qu’on peut apprendre par son imagination, sont des choses que j’apprécie particulièrement.
Au-delà de l’apprentissage pur et dur, apaiser les enfants par des méthodes alternatives le plus tôt possible permet d’ouvrir de nouvelles perspectives et notamment de montrer un autre monde qu’on a intellectualisé. C’est ce que montre Christophe André dans son travail sur la méditation. A cet effet, il a créé une fondation pour que, dans les écoles, quelqu’un vienne initier les enfants au calme. Il y a des moments où l’on a besoin de se poser. Je trouve son initiative incroyable et enrichissante. C’est quelqu’un qui m’inspire énormément.
Avez-vous de nouvelles envies, de nouveaux projets ?
Oui ! J’espère qu’on pourra reprendre au plus vite les coding goûters en présentiel 🙂
D’autres projets sont aussi très inspirants, par exemple celui de Mathurin Body des Makers Kids au Rubixco.
J’aimerais montrer que le numérique peut se retrouver partout, même dans des usages qui ne viennent pas immédiatement à l’esprit. Par exemple, le Funlab a mis en place un bac avec des capteurs d’humidité pour éviter de laisser mourir des plantes, ceci permet de montrer que l’informatique peut aider dans la vie de tous les jours. Ce serait génial de développer une application pour que chaque enfant sache quand il doit ranger sa chambre en bloquant son smartphone par exemple 😉 ! Ainsi, l’informatique reviendrait à sa place : être utile au moment où on en a besoin.
Aller plus loin
En savoir plus sur Jean Lou Le Bars
Jean-Lou Le Bars – Linkedin
Ceux qui ont été cités
CEFIM – Site
Palo Altours – Site
Startup week-end Tours – Palo Altours – Wikipédia
France IOI – Site
Exercices de icebreaker – Wikipédia
Codings goûter – Site – Palo Altours
Sébastien Bossoutrot – LinkedIn
Christophe André – Wikipédia – Site
Mathurin Body – LinkedIn
Ateliers Makers Kids au Rubixco – Facebook – Youtube (exemple d’atelier)
Funlab – Site
Les jeux qui ont été cités
Ile interdite – Tric Trac
Bazar Bizarre – Tric Trac
7 wonders – Tric Trac
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