Crédit photo : François Jourdain

Le : 29 septembre 2021, par Fabien Vidal

François Jourdain

Directeur d’école, auteur du blog Ecole Numérique – Actualités

L'essentiel

“Même les pires jeux hyper violents n’ont un impact néfaste que s’ils sont vécus tout seul dans son coin par l’enfant”

François Jourdain est directeur d’établissement catholique privé sous contrat.

Mais il est également passionné des usages collaboratifs du numérique : dans ce qu’ils nous apportent, comme outils de travail ; mais aussi dans leurs excès, comme le fait d’écrire des choses insultantes en ligne et qui restent, à la différence des paroles qui s’envolent.

Ce sont des sujets sur lesquels il est particulièrement actif, et sur lesquels il a à cœur d’amener les directeurs et directrices, les enseignants et les élèves à gagner en maturité. Il tient un blog, anime un podcast et organise des rencontres.

Pour lui, le jeu est une composante de cette culture numérique qui, comme les réseaux sociaux et les outils collaboratifs, demande d’accompagner les enfants, pour qu’ils aient une pratique constructive et équilibrée.

Interview

Bonjour M. Jourdain, qui êtes-vous ?

Bonjour, je suis François Jourdain, directeur d’école à l’Institution Christ-Roi à Tours Nord. C’est un établissement catholique privé sous contrat, qui compte 14 classes.

La question du numérique m’intéresse particulièrement dans l’enseignement et dans nos vies. Il est présent dans notre quotidien, alors il faut savoir échapper à la peur que l’on peut en avoir et l’utiliser quand il y en a besoin. Dépasser la bureautique, la visio…

Je tiens le blog Ecole Numérique – Actualités où je fais de la veille sur le numérique et l’éducation en établissement scolaire. J’y publie une lettre d’information tous les mois où je traite d’un peu de tout : je parle de choses avant-gardistes comme l’IA, j’y fais une sélection d’outils et de matériel, il y a des interviews…

Et 4 fois dans l’année, je réunis une communauté de référents numériques d’établissement scolaire.

J’anime également un podcast une fois par semaine, Le rendez-vous du mercredi pour les dirlettes et les dirlos, à destination des directeurs d’écoles, de collèges et de lycées. J’ai aussi été référent numérique au sein du Diocèse de Tours.

 

Le jeu vidéo n’est souvent pas loin du numérique… Êtes-vous joueur ?

J’ai beaucoup de projets sur le feu… Alors j’ai supprimé tous les jeux de mon téléphone !

Mais j’aime les jeux de stratégie et Simcity. Dans un autre style, j’ai bien aimé Monument Valley. C’est poétique.

Je joue aussi avec mon fils.

 

En tant que chef d’établissement scolaire, quelle est votre position par rapport au jeu ?

Pour moi, le principal danger du jeu, c’est quand il a trait à l’argent. Par exemple, lorsqu’il faut dépenser du vrai argent pour améliorer son personnage. Je trouve ça très dangereux. Mais à part ça, même les pires jeux hyper violents n’ont un impact néfaste que s’ils sont vécus tout seul dans son coin par l’enfant. Il faut les accompagner. Je conseille aux familles de jouer avec leurs enfants, pour qu’ils comprennent comment ça fonctionne.

J’émets des réserves sur cette histoire du danger des jeux vidéos violents : je ramène ça au policier et au voleur dans les cours d’école. On y tue aussi des gens… Mais comme pour les films qu’il faut voir avec eux, comme pour les livres qu’il faut lire avec eux, il faut accompagner les enfants, et sortir de ce supposé danger.

 

Et dans l’enseignement, utilisez-vous le jeu ?

Il arrive régulièrement que des enseignants utilisent pour les révisions des serious games avec leurs élèves. Comme exemple d’utilisation, il y a les échecs, des jeux de cartes fabriqués par les profs, ou des questions sur Genially.  Ils font de petits jeux très ordinaires, rien d’extravagant. Ce qu’ils cherchent, c’est la collaboration entre les élèves, l’émulation, les mettre ensemble dans une réflexion. Avec le serious game, on voit que les élèves sont très excités et très pris par le jeu ! C’est positif. Mais c’est très ponctuel et occasionnel.

Plus largement, sur la question du numérique, j’ai créé une mallette pédagogique pour les élèves, avec 6 robots qui roulent et que l’on peut programmer. Chaque école peut réserver la mallette et des fiches activités.

 

Comment en êtes-vous venus à utiliser le jeu et le numérique ?

C’est une bonne question…

Je vais plutôt parler du numérique. J’ai toujours été intéressé par l’informatique. Le premier ordinateur que j’ai récupéré, c’était une énorme machine sous DOS (un ancêtre de Windows). J’ai eu quelques cours d’informatique à l’université. Et j’ai continué avec un Macintosh Classic, Windows, Chromebook… J’ai tout connu !

Dans l’éducation, j’ai d’abord créé des images avec les élèves. J’avais tenté de créer des vidéos avec eux, mais c’était trop compliqué. Puis sont arrivés les réseaux sociaux, que nous avons utilisés en classe pour faire de la correspondance scolaire, notamment des interviews. J’ai aussi un grand intérêt pour la collaboration entre élèves sur les documents partagés, les diaporamas. C’est très intéressant de les voir travailler à plusieurs sur un document : qu’ils se rendent compte qu’ils peuvent travailler à plusieurs.

C’est important, car le numérique fait partie du quotidien des enfants. Tous les élèves ont un ordinateur à partir du CM1. Mais ils n’ont pas ce côté réflexif. Alors, j’essaie de les rendre acteurs, j’essaie de faire qu’ils comprennent mieux comment fonctionne le numérique.

On profite des occasions : lorsqu’il y a des insultes entre eux en ligne, on s’appuie dessus pour y réfléchir. Car les écrits restent, ce qui est différent des insultes dans la cour. Et là, ils ont vécu une expérience concrète sur l’éducation civique.

 

Pouvez-vous nous parler d’autres utilisations du jeu qui vous ont touchées ?

Il y a beaucoup de choses. C’est tellement vaste que je ne sais pas par où commencer… Ce qui me touche va de la bureautique, aux bots, à l’IA…

Ah ! Dans le jeu, il y a eu l’application Peetch créée par Nicolas Brondin et Antoine Périgne. J’ai vu qu’ils avaient remporté un prix. C’était un cadavre exquis sur tablette de création d’histoires en classe. Le but était de rendre les enfants autonomes. C’était intéressant !

J’ai été en discussion avec eux pour transformer l’application pour l’éducation, mais ça n’a pas abouti…

 

Pour finir, avez-vous des projets ou de nouvelles envies liées au jeu ?

Comme je disais, j’ai beaucoup de projets sur le feu !

Concernant, le jeu, rien de précis. Mais il a une place importante, au moins en école primaire et élémentaire. Or on est souvent très surpris de voir que certaines personnes ne connaissent pas tel ou tel jeu, mais sont ravies de les découvrir. C’est important de faire découvrir ces applications aux enseignants.

Aller plus loin

En savoir plus sur François Jourdain

François Jourdain – LinkedIn

CoRéfléchir – Site

Ecole Numérique du 37 – Site

Le rendez-vous du mercredi pour les dirlettes et les dirlos – Podcast

 

Ceux qui ont été cités

Institution le Christ-Roi – Site

Diocèse de Tours – Site

DOS (Disk Operating System) – Wikipedia

Windows – WikipediaSite

Macintosh Classic – Wikipedia

Chromebook – WikipediaSite

Peetch – SiteArticle (La Nouvelle République)

Antoine Perigne – LinkedIn

Nicolas Brondin – LinkedInSite

 

Les jeux qui ont été cités

Simcity – WikipediaSite

Monument Valley – WikipediaSite

Le jeu d’échecs – WikipediaTric Trac

Genially – Site

Jeu de cartes – Wikipedia